Cannabis médical en France : où en est l’expérimentation ?

5 Déc 2022

Absent du marché, le cannabis médicinal en France fait aujourd’hui partie d’un dispositif strict et expérimental. Supervisé par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), ce dispositif veut améliorer la santé d’une frange de la population touchée par différentes maladies. L’autorisation d’accès précoce aux médicaments à base de cannabis fait l’objet d’observations. Les résultats de cette expérience vont déterminer une éventuelle légalisation sur le plan thérapeutique. Cannabis médical en France : où en est l’expérimentation ? Le point dans cet article.

Cannabis médical en France : quels traitements pour quels usages ?

Cannabis thérapeutique : définition

« Cannabis thérapeutique » ou « cannabis médical » ; ces deux termes équivalents désignent l’utilisation de la marijuana afin de soigner ou de soulager certains malades. La marijuana est une plante d’où peuvent être extraits différents produits. Le taux de CBD (cannabidiol) et de THC (tétrahydrocannabinol) ainsi que d’autres cannabinoïdes composent ces produits. Le cannabis thérapeutique se distingue du cannabis récréatif quant au but, à l’encadrement de sa production et de sa consommation.

Des médicaments à base de THC et de CBD

Selon le ministère de l’Intérieur, la consommation de cannabis est passible d’une amende de 200 €. Toutefois, dans le cadre d’une expérimentation sur le cannabis médical, une structure ou un médecin traitant a le droit d’administrer des médicaments à base de THC et de CBD. Ceux-ci existent sous trois formes pharmaceutiques :

  1. Par inhalation de fleurs séchées ou vaporisation de granulés.
  2. Par voie buccale avec extraits dilués ou capsules.
  3. Par voie buccale avec de l’huile ou des comprimés.

Le Sativex est, par exemple, un médicament disponible dans pas moins de 30 pays. Il est utilisé en spray et concentre un ratio proche de 1 : 1 en CBD et THC.

À noter que la décision définitive revient uniquement au médecin ou à la structure où le patient fait la demande. La prescription de ces médicaments est possible dans le cas de situations médicales spécifiques. Elle peut être délivrée en pharmacie.

À quoi sert le cannabis médical ?

La marijuana thérapeutique peut servir sous cinq circonstances :

  1. Lors de souffrances neuropathiques (Parkinson, diabète, zona…).
  2. Pour des formes d’épilepsies sévères.
  3. Pour des symptômes persistants en oncologie.
  4. Dans certaines situations palliatives.
  5. Pour des raideurs involontaires liées à certaines maladies du système nerveux, comme la sclérose en plaques.

Elle réduit la douleur et aide le patient à se détendre à court terme.

À noter :

Les effets secondaires du cannabis médical peuvent être digestifs, cardiovasculaires ou neuropsychiatriques.

Même si ceux-ci existent, ils restent majoritairement réversibles. Le patient peut arrêter à tout moment le traitement.

Une première phase test pour prescrire du cannabis thérapeutique

À l’instar d’autres pays dans le monde comme le Canada, la France envisage de donner le feu vert au cannabis à usage médical. Une expérimentation a été lancée le 26 mars 2021 au CHU de Clermont-Ferrand. L’ancien ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, est à l’origine de cette phase d’essai. L’objectif est « d’évaluer, en situation réelle, les recommandations du Comité en matière de conditions de prescription et délivrance et l’adhésion des professionnels de santé et des patients à ces conditions » selon l’ANSM. Au total, le plan prévoit le suivi de 3 000 patients dans 215 structures volontaires sur une durée de deux ans. Les patients inclus dans l’expérimentation bénéficient d’une prescription de cannabis médical lorsque leurs traitements de base ont échoué.

Un comité scientifique temporaire dirigé par Nicolas Authier, pharmacologue et psychiatre, a été créé pour contrôler la mise en œuvre de l’expérimentation. En mars 2022, Authier a confirmé que 1 500 personnes avaient commencé à prendre du cannabis thérapeutique à usage médical. Parallèlement, c’est un peu plus de 1 000 professionnels de santé qui ont été formés pour prescrire et dispenser des médicaments.

À l’issue de cette période, une évaluation permettrait de généraliser la prescription de médicaments à base de cannabis sur le territoire français. L’expérimentation conçoit la légalisation du cannabis médical, en revanche elle exclut la libéralisation de tout usage personnel.

Une expérimentation prolongée jusqu’en 2024

D’une durée initiale de deux ans, le plan lancé par Olivier Véran en 2021 est étendu jusqu’en 2024. Un sous-amendement a été adopté le 12 octobre 2022 pour repousser la date d’échéance. L’actuel ministre des Solidarités et de la Santé, François Braun, parle d’un manque de données. En cause : l’objectif des 3 000 patients n’est pas encore atteint. Le ministre exprime notamment des « résultats scientifiques contrastés au niveau international ».

Ailleurs en Europe, le cannabis médical est pourtant autorisé. Allemagne, Autriche, Belgique, Croatie, Chypre, Danemark, Estonie, Finlande, Italie, Luxembourg, Malte, Grèce, Irlande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Slovénie, Suède, Royaume-Uni : 21 pays au total pratiquent la vente ou l’ordonnance de médicaments à base de marijuana. Les prescriptions sont administrées majoritairement dans des cas de maladies graves ou de douleurs chroniques.

Selon une étude du cabinet du Grand View Research, le marché global du cannabis médical représentait près de 11 milliards d’euros en 2021. Il pourrait s’accroître de 21,06 % entre 2022 et 2030.

L’état de l’expérimentation sur le cannabis médical en France continue jusqu’en 2024. Loin derrière la plupart de ses voisins européens, la France reste frileuse sur la prescription médicale du chanvre. Reconnu pour ses propriétés relaxantes et thérapeutiques, le cannabis est une aide potentielle dans les soins attribués aux patients souffrant de certaines maladies. Lancée en 2021, l’initiative vise à gérer entièrement la distribution des médicaments contenant du THC et du CBD. Ceux-ci sont délivrés en pharmacie, sur ordonnance.